Voilà l'action qui m'anime depuis le début de ma carrière et qui me pousse aujourd'hui à ouvrir ma propre structure. Devenu populaire sur les réseaux sociaux ou dans la presse spécialisée, le soutien à la parentalité bienveillant et global n'est pourtant pas toujours d'actualité dans toutes les structures de soin ou d'accueil.
Pourtant l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES), publiait en 2009 un article visant à promouvoir le soutien à la parentalité dans un souci de protection des intérêts de l’enfant.
Pour continuer cette série d'article sur la place du père auprès de l'enfant, je vous propose de faire ici le point sur cette notion de parentalité, de paternité mais aussi sur ce qui est mis en place en France pour la soutenir.
1. La parentalité
Béatrice Lambroy, scientifique à l'INPES, publiait en 2009 un article visant à mettre en avant le soutien à la parentalité. Elle définit la parentalité comme étant un néologisme anglais traduit du terme « parentwood » développé par Benedeck, une psychanalyste américano-hongroise en 1959.
Ce concept « fait référence au processus intrapsychique associé au fait d’être parent et permet ainsi de dépasser la distinction habituellement faite entre la fonction maternelle et la fonction paternelle ». Ce processus devient alors une étape du développement psychologique de l’adulte.
Le terme « parentalité » a ensuite été traduit et introduit en France en 1961 par le psychiatre Racamier avant de passer dans la langue courante en 1980.
Aujourd’hui, le dictionnaire Larousse définit la parentalité comme étant la « fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral et socioculturel ». Cette définition évoque trois orientations au concept de parentalité. B.Lamboy s’appuie sur plusieurs auteurs pour développer le terme de parentalité selon trois champs : psychanalytique, juridique et social.
Le champ psychanalytique : Selon Lamour et Barraco « la parentalité peut se définir comme l’ensemble des remaniements psychiques et affectifs qui permettent à des adultes de devenir parents, c’est-à-dire de répondre aux besoins de leurs enfants à trois niveaux : le corps (les soins nourriciers), la vie affective, la vie psychique. C’est un processus maturatif ».
Le champ juridique : le terme de parentalité reste peu utilisé dans ce champ. En effet seul le terme de parenté est reconnu dans le droit civil. Ce terme est alors associé aux fonctions parentales, à la question de l’autorité parentale et aux droits des parents. L’auteur se réfère alors à « la loi du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale […] consacre la notion de « coparentalité », […] qui engage un exercice conjoint de l’autorité parentale indépendamment du statut matrimonial des parents ».
Le champ social : La parentalité fait aussi référence à l’ensemble des fonctions sociales. Le terme de parentalité « permet ainsi de mettre en avant la complexité et la diversité des fonctions parentales et de différencier la parentalité biologique de la parentalité sociale ». Il permet donc « de qualifier les multiples formes familiales : homoparentalité, pluriparentalité, parentalité adoptive […] ».
Si vous souhaitez en savoir plus sur les remaniements psychiques liés au fait de devenir parent, je vous invite à lire mon article Devenir parent.
2. La paternité
Le Dictionnaire Larousse définit la paternité, du latin paternitas comme étant un « état, qualité, sentiments de père » qui implique un « lien juridique entre le père et son enfant ». Colonna-Césari nous livre dans son ouvrage « La grossesse du père » une idée de cet « état ». Au regard de témoignages, l’auteur énonce quatre étapes du devenir du père, du désir d’enfant à sa naissance.
Tout d’abord le désir de l’enfant, l’enfant peut être désiré ou non. Les témoignages montrent des pères en grande réflexion, se posant beaucoup de questions et empreints au doute. Ils évoquent chacun leur passé d’enfant et expriment différentes émotions allant de l’amour à la colère.
Vient ensuite le temps de la grossesse. Leur relation au corps de la femme enceinte se modifie, ils se montrent plus ou moins aidants et participants.
Pendant l’accouchement, le père est en questionnement, ses émotions sont variées et intenses.
Une fois l’enfant né, le père s’investit plus ou moins, il développe sa fibre paternelle.
3. Politique familiale en France
La paternité, au même titre que la parentalité est donc un cheminement, un processus qui demande un remaniement profond. La politique familiale en France tend à le prendre en compte.
Depuis le 1er janvier 2002, les pères bénéficient d’un congé paternité et d’accueil de l’enfant. Le Code du travail, dans l’article L-1225-35 revu en 2012, statue d’un congé d’une durée de 11 jours consécutifs pour la naissance d’un enfant, et de 18 jours si naissance multiple. Ces jours sont à prendre dans les 4 mois qui suivent la naissance et doivent faire l’objet d’une demande préalable à l’employeur. A ce congé non fractionnable s’ajoutent 3 jours d’absence prévus par le Code du travail. Le congé maternité est lui de 16 semaines pour les deux premiers enfants, puis s’allonge à 26 semaines au troisième enfant.
Nous pouvons nous poser la question de la reconnaissance de la présence et des compétences du père auprès de la mère et de son enfant. Beaucoup de jeunes papas se questionnent sur le fait de prendre ce congé. Peur du jugement de leurs employeurs ou de leurs entourages, crainte de gagner moins. Car oui, ce congé est pris en charge par la Sécurité Sociale. Toutefois, à l'inverse du congé maternité, l’entièreté du salaire du père peut ne pas être pris en charge si elle dépasse un certain plafond. Certaines conventions collectives prennent en charge la différence, mais ce n'est pas le cas dans toutes les entreprises.
Pourtant nous l'avons vu dans les articles sur la place du père et sur le comportement paternel, les pères ont le désir de créer un lien particulier avec leur enfant. D'être investit, de connaître ses besoins et d'y répondre. Former un couple parental prend du temps. 11 jours pour prendre sa nouvelle place de père, protéger la dyade mère-bébé et s'investir auprès de son enfant cela semble déjà mission impossible.
L'INPES a toutefois conscience de l'importance d'accompagner les parents dans ces nouvelles compétences parentales notamment pour le bon développement de l'enfant. La société doit elle aussi prendre la mesure de ces bouleversements, et l'Etat lui en donner les moyens.
4. La notion de compétence parentale
Cette notion est elle aussi nouvelle en France, le Conseil de l’Europe a statué en 2006 sur le fait d’être parent aujourd’hui. Il donne une définition simplifiée des compétences parentales comme étant « la somme des attitudes et conduites favorables au développement de l’enfant » résumées en huit items : répondre aux besoins de base de l’enfant, offrir une réponse et un engagement affectif (présence, disponibilité et réponse adaptée), adopter une attitude positive à l’égard de l’enfant, exercer le rôle parental avec pertinence, considérer et traiter l’enfant comme un être distinct, établir un cadre de vie, favoriser la socialisation de l’enfant et enfin répondre aux besoins intellectuels et éducatifs de l’enfant.
Nous pouvons donc dire que prendre le temps de développer ses compétences parentales permet d'assurer le bon développement de l'enfant. Lui assure une sécurité émotionnelle et psychique, lui donne confiance en lui et lui permettra d'être un adulte heureux. Cela devrait être une cause de Santé Publique à l'instar des pays Nordiques qui présentent des résultats flagrants en terme de bien être familial mais également professionnel.
Conclusion
Etre parent dans l’exercice de ses compétences parentales est complexe, prend du temps et doit être accompagné. Il est nécessaire de tenir compte des besoins spécifiques de l’enfant mais également des ressources et capacités des parents, sans oublier les facteurs environnementaux qui impactent directement ce processus. C'est pourquoi il me semble primordiale de permettre un accompagnement bienveillant et adapté à chaque famille. Leur permettre de créer du lien, de s'approprier leurs rôles parentaux et d'avoir confiance en leurs compétences parentales. Ce couple parental doit pouvoir trouver refuge, se sentir écouté et valorisé pour le bien de leur enfant et donc de notre avenir à tous.
C'est en ce sens que je vous apporte mon soutien et réalise cet accompagnement si cher à mes yeux.
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