top of page
Photo du rédacteurFlora

La place du père: son histoire

La société bouge et se métamorphose de jour en jour. Les connaissances sur le développement cérébral de l'enfant a bouleversé notre manière d'être parent. Mais être parent ça veut dire quoi? Que veut dire être mère ou père?

Durant mes études pour devenir infirmière puéricultrice, j'ai été marqué par la quasi absence du mot "père" dans mes cours. Sur le terrain, j'ai fais le même constat, on ne parle pas du père... Mais pourquoi? J'ai donc axé mon travail de fin d'étude sur la place du père. Je vous partage ici une chronologie de son évolution afin de mieux comprendre quelle est sa place aujourd'hui et le travail qu'il a dû accomplir pour en arriver là!


1. Une définition dépourvue d'affecte


Si autrefois l'éducation et le prendre soin de son enfant était dédié aux mères, ce n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui. Pourtant la définition du Larousse ne laisse pas entrevoir de dimension affective dans le rôle d'être père: le père, du latin pater, -tris est un « homme qui a engendré ou qui a adopté un ou plusieurs enfants », il est également un « homme qui agit en père ».

Au regard de la loi, le Larousse définit le père par : « Homme ayant autorité reconnue pour élever un, des enfants au sein de la cellule familiale, qu’il les ait ou non engendrés ». Cette définition ne m'évoque pas vraiment la paternité telle qu'elle est aujourd'hui, à savoir mener sa vie avec son bébé bien au chaud contre soi dans son écharpe de portage...

Mais alors qu’est-ce qu’« agir en père » ? Cette « action » et cette « autorité reconnue » a-t-elle changée au fil des temps ?


2. Frise chronologique du père: une "espèce" en développement

L’ouvrage « Comment être père aujourd’hui » de Jean le Camus, professeur émérite en psychologie à l’université de Toulouse, pose une véritable frise chronologique du père et de sa fonction dans la société. Pour cela, il s’appuie sur les écrits de psychanalystes et psychiatres de renoms tels que Lacan, Spitz, Bowlby, Winnicott, Wallon et d’autres.


2.1 Le pater familias

Le père débute son périple dans la Rome Antique. Il est alors appelé le « pater familias ». Il incarne le pouvoir en respectant distance et fermeté à l’égard de son enfant. L’autorité paternelle est inscrite dans la loi, ce qui lui permet d’avoir le droit de vie ou de mort sur le nouveau-né. « Le père ne devient pas père parce qu’il a engendré mais, dans un second temps, parce qu’il a reconnu l’enfant », le père transmet alors son nom à l’enfant ainsi que les normes sociales qui vont constituer son héritage.


2.2 Le père monarque

A la fin du XVIème siècle jusqu’au milieu du XVIIIème siècle où naît le « père monarque » qui représente une autorité paternelle despotique. Le rôle du père est alors de perpétuer la lignée et d’augmenter l’ensemble des biens de la famille. Il n’a plus le droit de vie ou de mort sur son enfant et a désormais des droits et des devoirs à l’égard de ce dernier. Lui sont conférés les droits de commander et de punir mais aussi des devoirs de protection, d’assistance et d’éducation (intellectuelle, morale et religieuse). Le père est distant affectivement et sévère, il n’intervient dans l’éducation de l’enfant que quand ce dernier est capable de discernement.


2.3 Le père = culture et autorité

En 1945, le père est toujours l’unique garant de l’autorité parentale. L’auteur met en avant le schéma suivant inspiré par la théorie du psychiatre Lacan :

Le Camus reprend alors une phrase du psychiatre et psychanalyste Spitz qui évoque le père en ces termes : « Le père incarne le prototype de « l’étranger » avec lequel le bébé devra s’apprivoiser». Le père de cette époque « ne sert pas plus que les grands parents, oncles… », l’auteur reprend alors une phrase de Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique, qui « conçoit le 1er lien comme une relation tissée uniquement entre le bébé et sa mère», « dans la société familiale […] le père doit incarner l’autorité, la mère l’affection, les frères et sœurs la rivalité et le foyer la solidarité ». Les rôles et fonctions de chacun sont donc clairement définis.


2.4 Le tiers séparateur


En 1950, le père devient, grâce à Freud, un élément crucial du complexe d’Œdipe et donc de la construction identitaire de l’enfant. Il est le tiers séparateur entre la mère et l’enfant. L’auteur évoque le constat du psychologue Henri Wallon qui « considère les fonctions de la mère et du père comme successives, également essentielles et non interchangeables ». Ce constat met en avant les fonctions « non interchangeables » de chacun et insiste sur le fait que « la carence d’autorité est plus préjudiciable que la carence d’amour maternel ».


2.5 Le père nourricier: "un mâle en voie de paternité"


En mai 1968, le père connait une grande révolution notamment avec l’arrivée du courant féministe. Il devient « père nourricier » dans un souci de « coparentalité » se manifestant par le partage des tâches. Colonna Césari parle dans son ouvrage « La grossesse du père » des bouleversements vécus par le père à ce moment. Elle précise que c’est l’heure de la fin « du père autoritaire et de sa toute-puissance », « le pouvoir de décision » appartient désormais aux femmes en raison de la libération de la femme et de l’avènement de la contraception. Le père doit alors s’adapter à cette « atteinte dans leur virilité » en associant masculinité et paternité. L’auteur dit alors que le père est « un mâle en voie de paternité ». « La paternité devient un chemin initiatique guidé par la mère ».

 

Conclusion


L’évolution des mœurs, de la science, de la société et des femmes a permis au père de s’investir du désir d’enfant jusque dans son éducation. Colonna Césari précise que « l’enfant devient alors facteur d’évolution, de prise de conscience, de renaissance, d’éclatement ou de consolidation des couples ou de l’individu lui-même ». La place du père a beaucoup évoluée au fil des siècles. Cette évolution met également en lumière la progression de la place de l'enfant au sein de la société. Nos questionnements actuels sur la pédagogie et l'écoute des besoins de l'enfant n'étaient pas d'actualité dans la Rome antique. Toutefois c'est l'histoire et l'évolution du père, de la mère et de l'enfant qui font ce que nous sommes aujourd'hui. Savoir d'où l'on vient nous permet de prendre du recul et d'évoluer à notre tour.

J'espère que cet article vous a permis d'entrevoir l'évolution du père au fil des siècles. Je vous prépare un article sur les différents comportements paternels! A très vite.

659 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page