Voilà une phrase que vous avez peut-être entendu enfant? Vous vous revoyez peut-être, devant votre gratin de chou-fleur devenu froid...
Aujourd'hui les rôles se sont inversés, c'est vous qui êtes aux fourneaux et c'est au tour de votre enfant de bouder son assiettes. Alors quoi faire? Le forcer à manger à coup de chantage? Ou laisser tomber au risque qu'il ne réclame que des frites et des pâtes?
Voilà un dilemme éducatif qui intervient très tôt. Réfléchissons ici sur les raisons qui poussent nos enfants à refuser de manger et sur la posture à mettre en place. C'est parti!
1. Pourquoi mon enfant ne veut pas manger?
Les raisons pour lesquelles votre enfant refuse de manger sont multiples. Manger est un besoin fondamental pour tout être humain. Assurez vous que ce refus ne soit pas lié à un inconfort digestif ou un stress qui pourrait impacter son appétit. Si votre enfant est en pleine forme alors voici quelques pistes.
1.1 Il n'a plus faim
L'enfant est un être auto centré. Contrairement à nous, adulte, l'enfant écoute ses besoins et se laisse happé par ses émotions. Il naît avec la capacité d'évaluer sa faim. Si il a faim il le manifeste et lorsqu'il n'a plus faim il s'arrête de manger. Cette capacité va disparaître progressivement entre 2 et 5 ans. Vous savez pourquoi? Oui vous me voyez venir... Et bien oui, à cause de nos habitudes alimentaires (à nous parents). Nos subterfuges pour conduire nos enfants à finir leurs assiettes finissent par prendre le pas sur leurs propres besoins. A coup de "tu manges comme un grand", "tu auras une récompense si tu finis tes légumes", "allez encore deux cuillères...". L'obliger à manger plus que son besoin, empêche l'enfant de s'autoréguler. Privilégions l'écoute de son besoin pour permettre à l'enfant de se réguler face à la proposition permanente de nourriture (et je ne parle pas des fruits et légumes... Plutôt aux barres chocolatés, soda, chips et autre...).
1.2 Il veut manger comme ses parents
Déjà in-utero, le fœtus développe son fin palais! Il goûte à tout ce que maman mange grâce au liquide amniotique. A sa naissance, il vous observe. Vers 4/6 mois il commencera à regarder votre assiette, vient alors le temps de la diversification. Puis il va vouloir vous imiter, et comparer son assiette à la votre. Pour que votre enfant mange d'avantage de fruits et légumes, mangez-en ensemble. Si au quotidien, votre assiette contient des légumes, alors cette assiette deviendra le repère de votre enfant. Idem pour les autres habitudes comme le grignotage...
1.3 La néophobie alimentaire
Entre 18 et 24 mois, l'enfant peut être amené à refuser les nouveaux aliments. Cette phase d'affirmation n'est pas un caprice, l'enfant répond à son besoin de contrôle. Il a besoin de repères. La psychologue V.Soulet, dit que « Les aliments nouveaux ne sont pas forcément ceux auxquels on pense, nous, en tant qu’adultes. C’est « nouveau » quand l’enfant ne le reconnaît pas comme connu». L'enfant qui mange habituellement ses carottes en purées ou en rondelles peut les refuser si elles sont en bâtonnets ou rappées. L'enfant peut alors détourner la tête, fermer la bouche ou encore observer l'aliment sans vouloir y goûter. Si vous souhaitez aller plus loin voici un article très intéressant dans le magazine les Pros de la Petite Enfance.
Cette phase d'affirmation, plus ou moins bruyante est tout à fait normale. Continuez à proposer des aliments variés, faite le participer à la préparation des repas, mangez la même chose que lui...Mais surtout restez zen.
2. Repenser la façon de s'alimenter
Nous l'avons vu plus tôt, forcer l'enfant par des réprimandes, du chantage ou tout autre subterfuges incitent l'enfant à ne plus être à l'écoute de son besoin. Ne plus écouter ses signes d'auto-régulation force l'enfant à s'appuyer sur des signaux extérieurs. Quels sont-ils et comment les éviter pour favoriser la compétence de l'enfant à s'arrêter de manger quand il n'a plus faim?
2.1 Les signaux extérieur
Le visuel: nous le savons, en cinquante ans, les portions de nos assiettes ont doublé (voire triplées), nous n'avons pourtant pas doublé nos besoins en énergie. Dans le même temps l’obésité infantile et de l'adulte sont devenus des points forts de prévention en Santé Publique. Je vous en parle très bientôt. La "mal bouffe" n'est qu'un élément dans cette spirale. En effet, l'enfant tient ses habitudes et comportements alimentaires de son environnement. La taille de ses portions ainsi que l'insistance de ses parents à terminer son assiette perturbent l'image d'un repas adapté à son besoin. Un enfant (puis un adulte) qui n'est plus à l'écoute de son besoin, mangera avec pour seule limite la fin de son assiette. Le professeur Wansink a révélé grâce à son expérience du bol sans fond (bol qui s'auto-rempli et n'est par conséquent jamais vide), que les personnes testées avec ce bol buvaient 73% de soupe en plus que ceux qui avaient une assiette normale. Nous sommes donc bien conditionnés par la quantité proposée dans notre assiette.
Le temps du repas: le sentiment de satiété arrive au bout de 20 minutes de repas. Or aujourd'hui on mange debout, de l'alimentation rapide, tout en étant sur nos portables ou devant la télévision. Nos enfants nous imitent ne l'oublions pas...
Les stimulations externes: faisons confiance au marketing de masse pour nous bombarder de "bonnes choses". Les tentations sont partout, au niveau de la caisse du supermarché, sur le quai de la gare et même à la boulangerie! Les barres chocolatés, les canettes de soda moins chères qu'une bouteille d'eau, les paquets de bonbons et de chips pour quelques centimes, les pubs XXL dans le métro... Tout est fait pour rappeler à notre cerveau et à celui de nos enfants que la courgette est bien fade par rapport à ces biscuits apéritifs si attrayants. Idem pour les plats tout prêts, une image de bons légumes frais et sa viande blanche vous rassure. Pourtant ce même plat est rempli de sucre et de sel cachés... Là encore, être à l'écoute de ses besoins et montrer le bon exemple permettra à votre enfant d'apprendre ce que sont les bonnes choses (pour sa santé) et de rester raisonnable sur celles qui le sont moins.
3. Le plan d'action!
3.1 Manger sainement
G.Faure, dans son ouvrage "Je veux le meilleur pour mon enfant", évoque avec humour le plan d'action propice à la bonne alimentation de nos enfants. Voici quelques astuces qui peuvent vous aider au quotidien:
3.2 Manger à sa faim
Le principe le plus important à retenir est, vous l'avez compris, de manger à sa faim. Pour cela nous devons laisser l'enfant s'arrêter de manger lorsqu'il n'a plus faim. Pour les plus petits qui n'ont pas encore acquis le langage, le langage signé accompagné de la parole peut permettre de savoir ce que souhaite l'enfant.
Dès deux ans, il est capable de se servir dans un plat. Le temps du repas devient un vrai temps d'activité: transvasement, observation des différentes textures, responsabilité sur des tâches (préparation, installation du couvert, débarrasser la table...). Tout ce qui rend acteur l'enfant, le fait participer, lui permet de se sentir bien. Et donc de découvrir de nouvelles choses.
Le laisser manger à sa faim, bonjour le gaspillage? Et bien non, rassurez vous, il n'est pas question de gaspiller! L'enfant va apprendre à se servir en fonction de ses besoins et ce qui n'a pas été mangé peut être mis dans une boîte et être resservi au prochain repas!
3.3 Manger de tout
Comme dis plus tôt, l'enfant vous imite, manger ensemble la même chose permettra à votre enfant d'être dans cette imitation et dans le partage propice aux découvertes.
Proposer de tout et dès le plus jeune âge. En effet la période sensible de la découverte des aliments se trouve entre 6 mois et 1 an. C'est le moment de tout essayer! N'hésitez pas à passer d'une texture à l'autre, et n'attendez pas les premières dents pour passer aux morceaux. Nous verrons cela dans un article dédié à la diversification très bientôt.
De 1 à 4 ans, vous pouvez proposer tout en même temps. Dans une assiette à compartiment par exemple, laissez votre enfant se servir des légumes, de la viande, du féculent, de la compote, du fruit ou du yaourt. Il choisira alors pas quoi commencer. Il s'autonomise.
Pourquoi ne pas aller au marché ensemble pour découvrir les différents aliments? Lui demander ce qui lui fait envie, développer son vocabulaire... Un vrai moment de complicité au milieu des poireaux et des oranges.
Vous pouvez également instaurer une petite règle dès deux ans: on goûte à tout une fois. Pour respecter les goûts de l'enfant vous pouvez aussi instaurer la règle de "deux jokers" modifiables une fois pas mois. L'enfant pourra alors dire deux aliments qu'il n'aime pas. Cela ne vous empêche pas d'en préparer et de lui dire "je sais que tu n'aimes pas cet aliment, mais souhaites-tu goûter à cette nouvelle recette?". Se sentir respecté dans ses choix valorise son individualité et sa confiance en soi. Peut-être alors qu'il acceptera!
Conclusion
Manger à sa faim pour rester à l'écoute de ses besoins: se connecter ou se reconnecter à notre "moi" intérieur nous permettra si besoin de rééquilibrer nos assiettes. S'écouter... Etre bienveillant avec soi même avant de l'être avec son propre enfant. Voilà l'essentiel.
Avec les plus grands, un conseil de famille peut être le bon moyen de discuter de ce temps de repas. Reposer des règles familiales et surtout s'écouter, tous ensemble.
N'hésitez pas à partager vos trucs et astuces pour que ce temps de repas soit un moment de partage bienveillant! A très vite.
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