"Alors, bébé fait ses nuits?"
A tous les futurs parents, les jeunes parents épuisés, les moins jeunes désespérés et les professionnels qui les accompagnent, je vais vous faire un aveu: les livres mentent, non tous les enfants de plus de trois mois ne dorment pas 10 heures d’affilées sans réclamer leurs parents. C'est un mythe, une désillusion! Voilà c'est dit.
Certains enfants dormiront paisiblement dès la maternité, d'autres auront besoin de quelques mois voir mêmes d'années pour se rendormir paisiblement entre chaque cycle!
En même temps on aurait du y penser. Vous ne trouvez pas étrange que, comme par hasard, un enfant fasse une nuit complète juste au moment où le congé maternité prend fin? Les bébés seraient-ils de mèche avec l'Etat? ...
"Mais mon bébé a-t'il un problème alors?"
Rassurez vous, les réveils sont physiologiques et le sommeil ne s'apprend pas. Je vous propose de faire le point sur les phases du sommeil et sur les astuces qui vous permettront de favoriser le repos de vos petits! On y va?
1. Récap' sur les phases du sommeil
Rappelons que le rythme du sommeil varie en fonction de l’âge, mais aussi (encore et toujours) de l’enfant. Comprendre les cycles du sommeil de votre enfant vous permettra de mieux répondre à ses besoins et donc de favoriser son développement bio-psycho-social. En effet le sommeil lui permet d’intérioriser les situations vécues dans la journée mais aussi de se développer physiologiquement.
1.1 Le train du sommeil
Le rythme du sommeil est aussi appelé « train du sommeil ». Il est composé de deux phases qui s’enchaînent plus ou moins vite en fonction de l’âge:
Sommeil agité = paradoxal = léger : on peut observer les paupières qui bouger, des mouvements de succion ou des micros mouvements.
Sommeil lent = calme = profond: la respiration est régulière et l'enfant ne réagit pas si on le touche.
Chaque phase dure en moyenne 20 minutes chez l'enfant. L’alternance de ces phases forme un cycle qui dure entre 1h et 1h30. Entre chaque cycle symbolisé par des wagons dans le train du sommeil, votre enfant se réveille. Un environnement sécurisant et un accompagnement au quotidien lui permettra de se sentir sécurisé et donc de se rendormir seul pour un nouveau cycle.
1.2 Mon enfant pleur la nuit
Vous l'avez compris, l'enfant se réveille à peut près toutes les heures. Ce réveil est physiologique. Certains enfants vont avoir besoin de plus d'accompagnement que d'autres.
L'enfant qui se réveille et qui n'arrive pas à se rassurer seul pour se rendormir est envahit par la peur d’être seul dans un environnement qu’il ne reconnaît pas. Il peut alors se mettre à pleurer, à crier ou à vous appeler. Il est important de répondre aux pleurs pour assurer la sécurité psychique de votre enfant. Répondre à ses pleurs n'est pas "lui donner de mauvaises habitudes". Répondre à ses pleurs c'est lui dire: je t'ai entendu, tu as besoin de moi et je suis là. Vous donnez de la valeur à ce qu'il ressent et exprime, il se sentira aimé, confiant et sécurisé.
Vers 8 mois, l'enfant acquiert la permanence de l'objet. Il comprend alors que lorsque vous n'êtes pas dans la pièce vous existez toujours. Vous pouvez essayer de retarder votre arrivée pour vous assurer qu'il ne retrouve pas le sommeil seul. Laissez tomber le 5, 10,15 archaïque. Vous connaissez votre enfant, vous reconnaissez ses pleurs: ceux qui vous appellent, ceux du désespoir... Il suffit de quelques secondes pour connaître la tournure que va prendre la situation. Arrêtons de penser que cette méthode est faite pour apprendre le sommeil à l'enfant. Le sommeil ne s'apprend pas, il est physiologique!
Accompagner notre enfant avec bienveillance lui permet de se construire. Répondre à ses besoins lui donne l'opportunité d'avoir confiance en lui, de s'exprimer pour pouvoir ensuite s'autonomiser. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, laisser pleurer un enfant (dans toutes situations) ne lui apporte rien, ne lui apprend rien. Bien au contraire, le sentiment d’abandon déconstruit l'image bienveillante qu'il a de lui et des autres. Il perd confiance en lui ce qui représente un frein dans son développement.
1.3 L'ennemi de son sommeil: notre propre fatigue
Vous allez me dire: tu es bien gentille Flora, on sait déjà tout ça, mais nous sommes épuisés! Comment faire?
Sachez que c'est normal d'être fatigué! Nos cycles de sommeil ne sont malheureusement pas synchronisés sur ceux de bébé. Il arrive qu'il nous réveille alors que nous étions en plein sommeil profond, sur une serviette au beau milieu d'une plage de sable fin. On peut sentir la bienveillance s'étioler à chaque nouveau réveil. Tenez le coup! Votre accompagnement finira par porter ses fruits!
N'hésitez pas à passer le relais à quelqu'un qui aura à cœur de respecter votre façon de faire. Si la fatigue est trop intense, préservez vous. Pensez aux consignes de sécurité dans l'avion: mettez votre masque à oxygène avant d'appliquer celui de votre enfant. Si vous n'avez pas d'autres solutions, il vaut mieux laisser votre enfant pleurer que d'avoir un geste irréversible à son encontre. Soufflez un bon coup pour avoir les idées claires en y allant.
1.4 L'allaitement, responsable des réveils la nuits?
Encore un mythe sur l'allaitement... Pensez vous qu'un enfant allaité ait besoin de d'avantage de contacte qu'un enfant nourrît au lait artificiel? Pensez vous que l'allaitement soit responsable du besoin d'être rassuré lorsque l'enfant se réveille naturellement entre ses cycles?
Evidemment que non. Nous l'avons vu ces réveils sont physiologiques. Avant trois mois, même les bébés au biberon mangent la nuit. Là encore cela répond à un besoin physiologique. Leur estomac n'est pas encore assez gros pour stocker son nécessaire de survie pour 10 heures de nuit. Alors oui le lait maternel est plus digeste, et oui le pic hormonal est dans la nuit. De ce fait les bébés au sein ont tendance à nous réclamer d'avantage la nuit. Malgré tout, arrêter votre allaitement ne résoudra pas tout. Votre enfant a besoin de vous, au sein ou au biberon, c'est un besoin universel.
2. Aider son enfant à s'endormir
2.1 Quelques astuces pour favoriser le sommeil de votre enfant
Le sommeil est donc physiologique. Comme tout parent, nous savons essentiel de préserver le sommeil de nos enfants pour garantir leur équilibre. Essentiel, oui, mais pas toujours évident! Les dents, la faim, une maladie quelconque, qu’il fasse trop chaud, trop froid, que le dernier bisous ait été oublié, qu’il ait été réveillé par un bruit, une sensation désagréable ou par le gong du départ pour la crèche… Toutes ces raisons peuvent impacter la qualité du sommeil de nos enfants et donc la suite de leur journée.
Repérer les signes d’endormissement : Ils sont propres à chaque enfant, certains se frottent les yeux, bâillent, immobilisent le regard, oscillent de la tête, se frottent les oreilles ou les cheveux, d'autres vont attraper leur doudou/tétine voir même signer le mot "dodo"… A chacun son « truc », à nous de les détecter afin de ne pas passer dans la zone rouge de l’impatience et des pleurs inconfortables pour l’enfant (et stressants pour l’adulte).
Ritualiser le coucher : Instaurer une routine le soir permet à l'enfant de se situer dans le temps et l'espace. Ces repères lui permettent de se sentir en confiance, de maîtriser ses émotions, d'être dans le partage et de se détendre. On parle alors de sécurité affective. A chaque famille sa routine: l’objet transitionnel (doudou, tétine, livre…), porte ouverte, veilleuse, une position, une histoire, une chanson douce, un jeu en famille… Un climat de tendresse associé au rituel du coucher facilite alors le passage de l’éveil au sommeil.
Éliminer toutes raisons "physiques": Une otite, une gorge irritée par la toux, des poussées dentaires, des ballonnements... peuvent être responsables d'inconfort voir de douleur chez votre enfant pouvant perturber son sommeil. N'hésitez pas à prendre sa température. Préférez un thermomètre axillaire (sous l'aisselle) plutôt que tympanique ou par flash pour les tous petits. Une température normale est comprise entre 36°5 et 37°5. Au delà de 37°5, découvrez votre enfant et donnez lui du paracétamol (1 dose kilo toutes les 6 heures). Si votre enfant ne présente aucuns autres symptômes que de la fièvre et que cette dernière dure plus de 72 heures alors vous pouvez vous rendre chez le médecin. Dans le cas d'un rhume ou de toux, n’hésitez pas à mettre une serviette pliée sous le matelas (au niveau de la tête) de votre enfant. Cette légère proclive l'aidera à mieux respirer.
Une chambre adaptée au sommeil: la chambre de bébé doit répondre à quelques consignes pour permettre l'endormissement de votre enfant. Évitez de la surcharger en jouets ou décorations qui le stimuleront et le garderont donc éveillé. N'hésitez pas à jouer la journée, avec votre enfant, dans sa chambre. Il doit associer sa chambre à des moments de détente, de rire et de plaisir et non à la séparation systématique. Pour que votre enfant intègre la différence jour/nuit, ne fermez pas les rideaux pour la ou les siestes en journée. La fermeture du rideau peut faire partie de votre rituel du soir. Bien sûr, il y a des consignes à suivre pour une chambre sécurisée, elles sont expliquées dans le carnet de santé de votre enfant. Nous reviendrons dessus dans un prochain article!
Vous le savez peut-être c'est le maître mot de ce blog est : s'adapter aux besoins de l'enfant. Alors essayons de nous mettre à la place de l'enfant quelques instants. Ce petit qui a vécu au chaud pendant environ 9 mois dans le ventre de sa maman, à vivre contre elle au rythme des battements de son cœur et de ses mouvements... Ce petit qui une fois né, se retrouve dans un environnement froid, éblouissants, aux bruits inconnus. Lui qui n'a besoin que du contact de sa maman, se retrouve seul dans un lit parfois à l'autre bout de la maison. Et surtout ne pas pleurer la nuit! Certains enfants vont s'y adapter et d'autres non... C'est le cas de notre Joséphine.
2.2 En pratique
Avant la naissance de Joséphine, je faisais partie des personnes qui ne souhaitaient pas que l'enfant dorme dans la chambre parentale. Je connaissais bien les petits bruits que font les bébés la nuit et pensais, à tord, ne pas pouvoir m'endormir.
Joséphine est arrivée, et avec elle un grand chambardement. Je ne me voyais plus laisser cette petite chose de 2kg300 seule dans un lit immense pour elle et de toute évidence elle non plus. A peine rentrés de la maternité, son papa lui a installé un petit berceau à roulette juste à côté de notre lit. Elle y aura finalement très peu dormi... Joséphine avait besoin de contacte et de chaleur. Toute petite, elle n'arrivait pas à bien prendre le sein, ses tétées duraient parfois jusqu'à 45 minutes. Finalement nous avons naturellement écouté ses besoins. Joséphine a dormi sur moi pendant deux mois, puis en cododo dans notre lit devenu familial jusqu'à ce qu'elle nous montre qu'elle était prête à dormir seule vers 10 mois. Quel plaisir de se réveiller avec cette petite merveille à nos côtés. Nos respirations s'accordaient, une petite main sur son papa et l'autre sur moi. Je vous détaillerais notre expérience du cododo dans un article dédié. Vers 10 mois donc, Joséphine était prête à passer dans son lit de grande! Comment cela s'est manifesté? Elle bougeait dans tout les sens, ses réveils nocturnes devenaient des séances de trampoline, de tirage de cheveux... Elle avait besoin d'avoir son espace. Nous sommes allés à son rythme. Elle s'endormait dans son lit, mais m'appelait toutes les 3 heures voire même toutes les heures. Épuisée, je finissais pas la récupérer dans notre lit dans le milieu de la nuit pour éviter les allés et retours. Doucement elle a commencé à espacer ses appels. A 15 mois elle m'appelle le plus souvent une fois en milieu de nuit, elle réclame une tétée et un câlin avant de se rendormir. De temps en temps elle nous surprend à dormir 12 heures sans avoir besoin de moi. Joséphine nous donne le tempo de ses acquisitions, nous essayons de suivre la mesure et pour le moment cela semble porter ses fruits!
3. Et le réveil dans tout ça?
Vous l'avez peut-être déjà expérimenté: votre réveil sonne au loin, vous émergez difficilement, les yeux dans le vague... Ces réveils qui vous coupent dans un cycle de sommeil sont les pires! Votre enfant vit parfois la même chose lorsque vous le réveillez le matin.
L’idéal est de ne pas avoir à réveiller votre enfant, mais les contraintes d’horaires nous l’imposent et cela au détriment du bon repos. Le plus important est de respecter le cycle de sommeil et donc de ne pas réveiller votre enfant en sommeil dit profond. Sans quoi le réveil devient extrêmement désagréable et déstructurant pour votre enfant. Bien reconnaître les différentes phases de sommeil vous permettra, s’il est nécessaire de réveiller votre enfant, de l’interrompre dans une phase de sommeil léger et donc de le perturber à minima. Vous pouvez également ritualiser ce réveil afin qu’il soit le plus doux possible : ce qui vous permettra également de gagner du temps ! Car, Oui, un bon réveil annonce le départ d’une bonne journée !
Conclusion
En résumé, l'expression "faire ses nuits" ne veut rien dire. Finalement chaque enfant fait SA nuit. Avec plus ou moins de réveils et surtout avec plus ou moins besoin d'être rassuré. Donc la prochaine fois qu'on vous pose la question, vous dite un grand oui! A 15 mois, Joséphine a de moins en moins besoin de moi la nuit. Tout vient à point à qui sait attendre! Soyons patient, promis à l'adolescence nous devrons tous aller les déloger de leurs lits à midi!
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